Revue de presse – 8 mai 2012, Adriana GIURCA et Oana BARBU
Ces
derniers jours, l’attention des medias a été captée par l’élection du
nouveau président français, François Hollande et la Une des journaux
français a été dominée par cet événement. Les médias se sont concentrés
sur la victoire de Hollande, sur la réaction des autres chefs d’Etats
européens et se sont aussi demandés comment François Hollande allait s’acquitter de ses devoirs pendant son mandat.
“François Hollande, vainqueur solitaire”, annonce Le Monde.
Cet article décrit les étapes décisives pour Hollande dans sa course à
la présidence et la manière dont il tracé son chemin politique : « Il a
voulu une victoire sans “shadow cabinet”, sans énarques, sans Parisiens
», mais aujourd’hui, il veut croire que c’est « avec les Corréziens »
qu’il l’a emporté. D’autre part, Le Monde
souligne le fait que « Nicolas Sarkozy paraît décidé à quitter la
politique ». Cette annonce a été rendue publique dans le soir du 6 mai,
devant le Ministre du Travail, Xavier Bertrand. Dans une conférence de
presse, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il n’aurait plus les mêmes
priorités, mais il a aussi déclaré: « Vous pourrez compter sur moi pour
défendre [nos] idées, [nos] convictions, mais ma place ne pourra plus
être la même », ce qui peut prêter à confusion sur ses intentions.
Le quotidien économique, La Tribune, titre : “Hollande s’impose dans la plupart des grandes villes.”
L’article présente le résultat des élections et la manière dont les
citoyens français ont voté. Hollande a gagné avec 51,62 % des suffrages
et les voix de plus de 18 millions de Français, tandis que 16,8 millions
de Français ont préféré Nicolas Sarkozy. François Hollande s’est aussi
démarqué de son rival dans les quartiers populaires, où le vote a
souvent tourné au plébiscite.
Le quotidien québécois La Presse nous informe par un titre simple : “François Hollande, président de la République.”
Cet article montre que Français Hollande devient le premier politicien
de gauche depuis près de 20 ans à accéder à cette fonction, en obtenant
51,7% des voix contre 48,3% pour le président sortant, Nicolas Sarkozy.
Les militants du parti de Hollande portaient symboliquement des roses
dans la foule qui scandait à tue-tête « François président ! » et «
Sarkozy, c’est fini ! ». En outre, le chef d’État sortant a précisé « Je
porte toute la responsabilité de cette défaite. Je me suis battu sur la
valeur de responsabilité et je ne suis pas un homme qui n’assume pas
ses responsabilités ».
Tout comme Le Monde, La Tribune et La Presse, le quotidien régional franc-comtois Le Pays précise : “François Hollande élu avec 51,52% des voix selon des résultats définitifs.” La
victoire du candidat socialiste à la gauche représente la première
victoire à une présidentielle depuis 1988, trente et un ans après la
première victoire de François Mitterrand en 1981. Le Pays précise les résultats : François Hollande a gagné la course aux présidentielles en obtenant 51,52% des voix face à Nicolas Sarkozy,(48,38%).
Le taux d’abstention a été de 19,66% (contre 20,7% au premier tour
cette année et 16,03% au second tour de 2007). Plus de 18 millions de
suffrages se sont portés sur le président élu, 16,9 millions sur son
prédécesseur et 2,1 millions d’électeurs ont voté blanc ou nul, selon
cette totalisation portant sur plus de 46 millions d’inscrits et 37
millions de votants. Les résultats des Français de l’étranger, quelque 1
million d’électeurs, sont arrivés dans la nuit de dimanche à lundi. Ils
ont été marqués par une forte abstention, 57,8%.
Aux journaux qui ont annoncé le nom du nouveau président français s’ajoute le magazine Le Point, qui s’exclame : “La France se réveille avec un nouveau président élu, François Hollande !” Tout comme Le Pays, Le Point souligne
que François Hollande est le deuxième socialiste à accéder à l’Elysée
sous la Vème République et donne les résultats et le taux de
participation. De plus Le Point publie des prévisions
pour les élections législatives, en mettant en évidence le fait que le
PS et l’UMP sont au coude à coude pour le premier tour du 10 juin, selon
divers sondages. La gauche est créditée de 26 à 35%, contre 30 à 33%
pour l’UMP. Le FN est estimé à environ 18%.
La joie suscitée par la victoire de Hollande est soulignée par le journal L’Humanité, qui souligne “L’Explosion de joie au Front de gauche pour l’élection de Hollande”. Selon le journal, le plus enthousiasmé a été Jean-Luc Mélenchon, qui a pris la parole en déclarant : « ”On
l’a viré ! Ouf Sarkozy c’est fini. On a réglé son compte au fossoyeur
des acquis sociaux. C’est une très bonne nouvelle pour la France et pour
l’Europe. Le monde qui nous regarde connaît de nouveau l’audace des
Français. Le Front de gauche s’engage autonome et conquérant pour que la
défaite de la droite devienne la victoire des exigences aigues qui
viennent de s’exprimer. Les législatives doivent approfondir notre
victoire. Tout commence à présent pour la France et pour notre gauche.
Place à la fraternité, place au peuple. » L’Humanité cite également dans ses pages Pierre Laurent, qui constate que la victoire de François Hollande est “Une victoire qui ouvre un nouvel espoir en France et en Europe.”
Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti Communiste Français
avait félicité le nouveau président et avait remercie aux « millions
d’électrices et d’électeurs du Front de gauche qui ont apporté une
contribution décisive à ce résultat. Sans la campagne mobilisatrice
menée par le Parti communiste français et ses partenaires du Front de
gauche avec leur candidat commun, Jean-Luc Mélenchon, sans les
propositions de notre programme, l’Humain d’abord, sans notre engagement
déterminé entre les deux tours, la victoire n’aurait pas été possible.
Elle ouvre un nouveau chapitre pour notre pays. » Il a fait aussi appel
aux « candidates et candidats du Front de gauche aux élections
législatives à repartir partout au combat pour rassembler autour de ces
objectifs l’ensemble des électrices et des électeurs qui ont permis la
victoire à l’élection présidentielle. J’appelle l’ensemble de ces
électrices et électeurs, pour garantir le changement, à mettre les
candidats du Front de gauche en tête de la gauche dans le maximum de
circonscriptions, le 10 juin, et à en élire ensuite le plus grand
nombre, le 17 juin prochain. »
D’autres
journaux ont évoqué la manière dont les chefs d’Etats européens ont
reçu la nouvelle de l’élection de François Hollande à la présidence de
la République française. Le Parisien constate que “Les dirigeants étrangers félicitent Hollande sur fond de crise européenne.” Ainsi
la chancelière Angela Merkel a immédiatement invité Hollande en
Allemagne, tout en se montrant inflexible sur la renégociation du «pacte
budgétaire». De son cote, le président américain, Barack Obama, a
félicité Hollande et l’a invité à une rencontre bilatérale avant les
sommets du G8 et de l’Otan prévus dans deux semaines aux Etats-Unis.
Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, « le président
Obama a déclaré avoir l’intention de travailler étroitement avec M.
Hollande et son gouvernement sur un ensemble de dossiers difficiles en
matière économique et de sécurité », voire la crise de la dette
européenne et le retrait des soldats français d’Afghanistan plus tôt que
prévu. Malgré leurs divergences de vue, surtout en ce qui concerne la
politique d’austérité, le Premier ministre britannique a lui aussi
félicité François Hollande pour la victoire emportée. Dans un message de
félicitation adressé au nouveau président français, le chef du
gouvernement italien, Mario Monti, a émis le désir de « collaborer
étroitement avec la France, en particulier dans le cadre européen »,
collaboration qui doit avoir comme objectif « une union toujours plus
efficace et orientée vers la croissance». D’autres dirigeants européens,
comme Elio Di Rupo et Helle Thorning Schmidt ont félicité François
Hollande en l’assurant de tout leur support. L‘Union Européenne, mais
aussi la Chine et la Russie, ont déclaré eux aussi leur intention
d’avoir une bonne collaboration dans de divers domaines, en développant
les relations bilatérales.
Tandis que Le Parisien se concentre sur les réactions internationales, le journal Le Pays a souligné les échos que l’événement a eu dans la presse nationale et régionale. Le Pays affirme : La presse salue l’élection de François Hollande : 2012 doit renaître 1981». La
presse française croit que cette victoire de Hollande donne « un
nouveau parfum du 10 mai » et que « pour le peuple de gauche, 2012 fait
renaître 1981, redonne de la vie et des couleurs à ces images vieillies,
sépia, qui semblaient condamnées aux livres d’histoire… ». La presse
française considère que « la victoire de François Hollande est l’indice
d’une puissante aspiration au changement », mais elle avertit aussi que
« c’est sur les épaules de François Hollande que repose désormais le
poids des responsabilités présidentielles, si lourdes à l’heure d’une
crise économique et financière qui n’en finit pas de secouer l’Europe ».
Après sa victoire, les journaux commencent à analyser les mouvements du nouveau chef d’Etat. Ainsi Les Echos observent “Une transition apaisée entre Sarkozy et Hollande.”
Le journal constate que c’est la deuxième fois dans la Ve République
que cette procédure, qui voit le président sortant “cohabiter” avec le
président élu, se déroule entre un battu et son vainqueur, depuis la
victoire du socialiste François Mitterrand contre Valéry Giscard
d’Estaing en 1981. Cette situation est due à une campagne violente, avec
une apparition commune très symbolique mardi pour la commémoration de
la fin de la Seconde Guerre mondiale. La transition intervient cette
année dans une période cruciale, François Hollande devant participer dès
la semaine prochaine aux sommets du G8 et de l’Otan aux Etats-Unis,
puis au sommet du G20 en juin au Mexique. Deux dossiers très sensibles,
qui ont provoqué de vifs affrontements avec Nicolas Sarkozy durant la
campagne, seront notamment aux menus de ces rencontres : le président
élu entend annoncer à l’Otan le retrait d’ici fin 2012 au lieu de 2013
des quelques 3.800 soldats français d’Afghanistan. Il entend surtout
faire prévaloir l’idée d’une nécessaire relance de l’activité économique
en accompagnement de la lutte contre les déficits publics et la dette,
érigée en priorité absolue par le duo Angela Merkel-Nicolas Sarkozy.
Tout comme Les Echos, le journal France Soir
laisse de côté l’enthousiasme d’avoir un nouveau président et se
concentre sur des aspects plus pratiques. Après l’élection, les journaux
se demandent : “A quoi faut-il s’attendre avec François Hollande ?” Cette question se retrouve à la Une du journal France Soir,
qui constate que le projet de François Hollande prévoit de profonds
changements dans la fiscalité française, dont les plus aisés pourraient
faire les frais. Le programme de Hollande suppose le plafonnement des
niches fiscales à 10.000 euros, la création d’une nouvelle tranche
d’imposition de 45 % pour les revenus supérieurs à 150.000 euros, la
baisse du quotient familial pour les familles les plus aisées et le
rétablissement de l’impôt sur la fortune. Sans parler de l’hypothèse
d’une tranche à 75 % pour les foyers déclarant plus d’un million d’euros
de revenus par an.
La
victoire de François Hollande lors des élections présidentielles a donc
représenté le principal sujet pour les journaux français ces derniers
jours. On se rend aussi compte que les médias laissent peu à peu de côté
l’enthousiasme d’avoir un nouveau président et commencent à suivre et à
analyser le comportement de Hollande en tant que Président de la
République française.